Humeur

Comment je suis devenue végétarienne

La semaine dernière, je terminais la lecture du livre de Hugo Clément « Comment j’ai arrêté de manger les animaux ». Ce livre m’a énormément remué. Cela faisait déjà un moment que je ne consommais plus de viande rouge et blanche mais il m’arrivait encore de manger du poisson et des crustacés notamment quand nous étions dehors. Au fil des pages, j’ai pris une grosse claque et j’ai compris que manger du poisson était aussi désastreux au niveau de l’écologie et de la souffrance animale. Lorsque j’ai refermé ce livre, j’étais devenue complètement végétarienne.

Du flexitarienne à végétarienne

La première étape : le flexitarisme

J’ai commencé à diminuer ma consommation de viande il y a 5 ans déjà. C’était avant tout pour ma santé. A cette époque, je me sentais peu concernée par l’écologie et la souffrance animale. Je savais que la production de viande n’était pas très bonne pour la planète mais je ne cherchais pas non plus à connaître le pourquoi du comment. Je me doutais que dans les abattoirs ce n’était pas très folichon mais je mettais consciencieusement mes oeillères histoire de continuer de manger du foie gras à Noël.

L’arrêt du foie gras et des « bébés animaux »

Le foie gras a été l’élément déclencheur de mon végétarisme. Un an après être devenue flexitarienne, j’ai décidé d’arrêter le foie gras. Les vidéos de gavage des oies qui tournaient sur les réseaux sociaux m’ont conforté dans cette idée. A peu près en même temps, j’ai choisi également de ne plus manger de « bébé animaux » c’est à dire agneau et veau car je trouvais cela trop cruel.

Un végétarisme en dents de scie

Je crois qu’après, les choses se sont faîtes petit à petit, presque naturellement. Au début, je ne savais pas trop comment cuisiner et « par quoi remplacer » la viande. Alors j’ai investi dans des livres de cuisine végétarienne. Si cela vous intéresse dîtes le moi en commentaire, je pourrais vous faire un article sur ma sélection.

Finalement, c’est en diversifiant mon alimentation que j’ai pu diminuer progressivement puis arrêter ma consommation de chair animale.

J’ai eu des phases de végétarisme stricte et d’autres où je mangeais un peu de poisson et de viande blanche. Ces périodes où je réintégrais les produits animaux étaient pour perdre du poids et/ou pour prendre du muscle. Comme quoi, les anciennes croyances étaient encore bien ancrées en moi.

Il y avait aussi des moments où j’avais pas mal de boulot et peu de temps pour faire à manger. J’étais persuadé, avec mes bonnes décennies d’alimentation omnivore derrière moi, que sortir une tranche de jambon et ouvrir une boîte de haricots verts était plus facile et rapide que de faire cuire une galettes de céréales ou du tofu (et ouvrir la même boîte de haricots verts).

Je ne voulais pas « embêter les autres »

Les repas dehors sont parfois compliqués quand on est végétarien. Il y avait peu de restaurants à l’époque qui proposaient au moins un plat sans chair animale à la carte (mais servir des tomates en janvier par contre c’est normal…).

Je ne parle même pas des invitations chez les amis ou en famille. Comme je n’affirmais pas haut et fort mon végétarisme et qu’ils me voyaient m’adapter, ils pensaient donc que ce n’était pas nécessaire de préparer un plat sans viande.

J’admets sans jugement, qu’à ce moment là, mes convictions n’étaient pas assez fortes pour que je m’impose.

Trois mois à être végétalienne

Pourquoi le végétalisme

Nous voilà donc en aout 2019. Cela fait déjà un moment que je suis végétarienne à l’exception d’un peu de poisson très occasionnellement (les fameux repas dehors).

J’étais suivie par un médecin nutritionniste pour un problème de santé léger que je souhaitais traiter sans avoir recours à l’allopathie. Il m’avait fait faire une recherche d’intolérances alimentaires (le bilan BIOPREDIX sur ordonnance, une simple prise de sang mais très cher et non remboursé).

Le verdict est tombé : j’avais développé des intolérances à tous les laitages, aux oeufs, aux petits pois, aux amandes et aux cacahuètes. J’ai donc eu l’interdiction stricte de ne plus consommer ces aliments pendant trois mois pour que la perméabilité de mes intestins se refasse. Ceci couplé à la prise de compléments alimentaires et de probiotiques.

En supprimant les oeufs et les laitages, je suis ainsi devenue végétalienne pendant trois mois et honnêtement cela a été assez compliqué.

Comment se sont passés ces trois mois

J’ai assez mal vécu ce régime alimentaire au début car je l’ai ressenti comme une obligation et non un choix.

A la maison, cela n’a pas changé grand chose car je ne consommais déjà plus de laitages. Quand aux oeufs, ils peuvent facilement se remplacer dans une préparation. Je me suis en fait rendue compte que je cuisinais déjà sans produits animaux 98% du temps.

C’est dehors que c’était difficile. Autant, il y a de plus en plus de plats végétariens sur les cartes des restaurants, autant pour les alternatives vegan c’est une autre paire de manches. Et pour les desserts, autant vous dire que vous pouvez vous assoir dessus! J’ai ainsi perdu le plaisir de manger dehors.

C’est à ce moment là que je me suis rapprochée de Laetitia, mon enseignante en Hatha Yoga qui est vegan depuis plusieurs années. Elle m’a aidé à écrire un article sur où manger vegan à Toulon et aux alentours. Elle m’a aussi fait comprendre que je devais changer mon point de vue. Quand je sortais, c’était pour être avec les autres et non pour bien manger.

Cela m’a vraiment aidé pour la suite. Je me suis sentie plus apaisée vis à vis de ça. Cela ne me dérangeait plus de me contenter de l’accompagnement ou d’emporter mon Tupperware, j’étais là pour être avec ceux que j’aimais.

Mon regard a changé

C’est à la même époque que nous avons accueilli Perth dans notre maison. Perth est un berger allemand. Nous l’avons eu tout jeune et nous sommes immédiatement tombé amoureux de lui.

Je crois que c’est à ce moment là que mon affection et mon empathie pour les animaux se sont révélées. J’ai toujours aimé les bêtes non humaines mais je n’étais pas Brigitte Bardot non plus. Cela étonne d’ailleurs encore les gens quand ils apprennent que l’idée du chien venait de moi et non de Pierre, mon compagnon.

J’ai commencé à aller vers tous les animaux (même les poules de la voisine!) et à ressentir un profond amour pour chacun.

A l’inverse, j’avais de plus en plus de mal à toucher, voir et sentir de la chair. Je ne voyais plus de la « viande », je voyais un cadavre, un animal mort et cela me faisait autant souffrir que si c’était mon chien dans l’assiette.

J’ai encore parfois beaucoup de mal à prendre du recul et à ne pas me montrer agressive avec les autres « omnivores ». La période de Noël a été très compliquée pour moi comme vous pouvez vous en douter. J’ai cependant ressenti deux petites victoires quand ma mère a accepté que je fasse une entrée végétalienne le 25 et qu’il n’y ai pas de foie gras sur la table.

Pourquoi je suis sortie du veganisme

Ces trois mois de véganisme avaient créé des tensions dans notre couple. Nous ne sortions plus car c’était trop compliqué pour moi au restaurant. Les diners dehors constituaient la majorité de ce que j’appelle nos « moments de qualité », quelques heures en dehors de la maison et du quotidien pour nous recentrer sur notre couple.

Les invitations chez les amis ou dans la famille étaient devenus synonymes de tension également.

Je faisais des remarques à mon compagnon sur sa consommation de viande de plus en plus souvent. Pierre est quelqu’un de particulièrement patient et gentil. Cependant, il y a des fois où je lui pompais l’air grave et il me le faisait bien savoir.

J’ai donc pris du recul et je me suis posée les bonnes questions : quelles sont mes valeurs? Comment je les hiérarchise? Qu’est ce qui vaut le coup de me battre? Sur quoi suis je capable de concéder?

J’ai compris que mon couple était au dessus de tout et que c’était la valeur la plus importante à mes yeux.

Début janvier, lorsque mon médecin m’a confirmé que je n’avais plus de restrictions alimentaires, je suis donc redevenue végétarienne.

Je ne vois pas cela comme une défaite ou un retour en arrière. Au contraire, je suis désormais une végétarienne plus forte et assumée. Je sais désormais que je fais cela pour des valeurs qui sont plus fortes que ma petite personne : pour les animaux et pour la planète.

Notre quotidien à la maison

L’organisation des repas entre un omnivore et une végétarienne

Au quotidien, je cuisine tous nos repas du soir et mes déjeuners. Pierre prépare ses propres lunchboxs. Il mange donc de la viande uniquement le midi mais pas tous les jours. Il arrive souvent qu’il se fasse des gnocchis au pesto par exemple.

Le soir, il mange comme moi et complète son repas avec du pain et du fromage. C’est déjà une petite victoire pour moi car au début de notre relation, il se sentait obligé de prendre systématiquement du jambon car il trouvait que « un truc qui manquait ».

Les courses pour contenter tout le monde

Je l’encourage à choisir ses laitages et son poisson « bio » ainsi qu’à prendre la viande et le fromage chez les petits artisans. J’espère secrètement au fond de moi que ces animaux seront un peu mieux traités que les autres.

Pendant un moment je faisais moi même ses yaourts au lait de vache en plus des miens (au lait de soja) mais cela me faisait trop de boulot alors j’ai lâché.

Nous prenons nos légumes et nos oeufs sur le marché à une productrice locale ou en magasin bio. Je privilégie toujours les fruits et légumes de saison (sauf pour les bananes). Pour le sec, je favorise le vrac au magasin bio ou dans une épicerie spécialisée.

Malgré toutes ses bonnes pratiques, Pierre programme régulièrement des Drive chez Leclerc et commande sa charcuterie sous plastique et son fromage industriel… J’ai lâché également de ce côté là. Je ne peux pas assumer la charge mentale de notre transition écologique toute seule.

En résumé, la patience, l’écoute, la bienveillance et le respect des choix de l’autre mais aussi le lâcher prise sont nécessaires pour avancer main dans la main. Pierre ressent le fait que je respecte ses choix, ainsi il respecte les miens et il est d’autant plus attentionné là dessus lorsque nous sommes dehors.

Comment se passe les sorties quand on est végétarienne

Le fait de revenir au végétarisme nous a également permis de ressortir manger dehors (et de pouvoir craquer sur les desserts!). Pierre fait toujours attention à ce qu’il y ai « un plat pour moi » à la carte. Cela nous a fait beaucoup de bien à lui et moi de partager ces moments là de nouveau.

C’est également plus facile lorsque nous sommes invités. Je me contente encore souvent des accompagnements mais je peux picorer dans les biscuits apéritifs et faire honneur au dessert sans me soucier qu’il y ai des oeufs ou du beurre dedans. Je dois tout de même avouer que c’est un plaisir en demi teinte car cela me touche un peu que mes proches (surtout ma famille) n’aient pas la délicatesse de cuisiner végétarien quand je suis là. Je ne sais pas si c’est peut être un peu égoïste de ma part de vouloir « priver » les autres de manger des animaux mais c’est ce que je ressens.

Si vous avez lu cet article, c’est probablement que vous vous posez vous aussi des questions. Quels seraient vos freins pour basculer vers le végétarisme ou le végétalisme? Aimeriez vous que je vous partage d’autres idées de lecture ou des livres de cuisine pour vous aider?

Prenez soin de vous.

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5 Comments

  • Reply
    Pâte à crêpes vegan - L'ananas blonde
    26 janvier 2024 at 14 02 40 01401

    […] vegétalienne à une période mais cela s’est avéré compliqué (j’en parle ici). Le végétarisme à tendance vegan reste le plus simple pour moi. Par habitude, je cuisine donc […]

  • Reply
    Minuit sur Terre - Chaussures vegan, éthiques et durables - L'ananas blonde
    14 septembre 2020 at 15 03 44 09449

    […] alors je préfère investir dans des paires éthiques et durables. Et pour aller avec mon désir de protéger les animaux, je me tourne de plus en plus vers des marques vegan. Une de mes préférées, est sans aucun doute […]

  • Reply
    Végétarien - Par quoi je "remplace la viande" - L'ananas blonde
    2 mars 2020 at 15 03 04 03043

    […] En général je prépare des plats pour 4 personnes. Cela nous fait soit 2 diners soit 1 diner et deux lunchboxs pour moi. Pierre se prépare ses propres déjeuners à emporter car il mange encore de la viande. Pour en savoir plus sur comment nous avons réussi à conjuguer nos modes de vie, je vous invite à lire mon article sur le végétarisme. […]

  • Reply
    Marine
    4 février 2020 at 19 07 08 02082

    Super cet article ! Je me reconnais beaucoup dans ton témoignage. Je me considère comme flexitarienne. À la maison, on n’achète plus du tout de viande ou de poisson. En revanche, j’en consomme encore à l’extérieur… Comme pour toi, c’est compliqué de faire comprendre à nos familles nos choix (on est sur la même longueur d’onde avec mon compagnon). C’est d’autant plus difficile quand on a pris l’habitude au début d’être conciliants. À Noël, j’ai su imposer mon choix de ne pas manger de foie gras ni de « bébés animaux ». J’étais assez fière ! Step by step comme on dit… Mon principal défaut : je vais encore beaucoup au supermarché. Pas sûre que ce soit une bonne excuse, mais j’ai l’impression qu’avec mon rythme de vie, c’est compliqué de faire autrement. Et puis, je suis devenue une accro des steaks végés et des panés végés en tout genre… Je n’aime pas trop cuisiner et j’aime quand c’est simple et rapide, ma fainéantise me perdra !

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      lananasblonde
      6 février 2020 at 10 10 29 02292

      Merci de ton témoignage Marine! Effectivement j’ai appris aussi que si l’on ne s’impose pas, notre entourage ne nous prends pas au sérieux. Pour la cuisine, tu as déjà essayé de faire du batchcooking? Il y a plein de bouquins là dessus et vu ton rythme de boulot ça t’aiderait beaucoup je pense. Bisous!

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